Comment passer du sport de haut-niveau à la conduite des trains !
A 15 ans j'ai intégré une section sport-études à Nantes, j'y ai obtenu mon Bac S en 2010. J'ai ensuite poursuivi mon double projet avec une licence STAPS (Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives) entre Nantes et Bordeaux où j'ai intégré l'équipe de France de ma discipline.
J'ai finalement changé totalement mon orientation en revenant sur un projet plus ancien, la conduite des trains, car je n'aurai pas pu vivre de mon sport. J'ai postulé chez SNCF en novembre 2014 et après plusieurs séances de tests et d'entretiens de recrutement, j'ai intégré une formation de conducteurs de ligne à Rennes courant 2015. Après une année complète de formation entre Rennes et Paris Gare du Nord, j'ai commencé à conduire sur la ligne B du RER à Mitry-Claye et depuis 2017, je conduis à Paris Nord sur les lignes B - D - H et K du Transilien.
Depuis 2019 je suis également devenu formateur et je viens d'intégrer un cursus interne me permettant de devenir manager d'une équipe de conducteurs de trains.
Je connecte les banlieues nord et sud de la capitale !
Grâce à ma licence, l'entreprise m'a recruté en tant qu'attaché technicien supérieur. Cela signifie qu'après environ trois ans de conduite, je serai amené à diriger une équipe de conducteurs de trains, à proposer des formations ou à participer aux recrutements. Il s'agit pour moi d'une évolution de carrière très intéressante car j'aime transmettre mes connaissances et échanger avec d'autres collègues sur les différents thèmes de notre métier.
Je commence aujourd'hui ce parcours de formation interne mais en parallèle je continue de conduire sur les lignes H et K du Transilien. Ma connaissance des règlements, de mon parcours et de mon engin doit être très solide et sans cesse remise à jour pour garantir la sécurité des passagers et des autres circulations.
Ma journée typique commence par la prise des documents utiles au service à mon unité. Je me rends ensuite sur mon train afin d'y effectuer les essais de sécurité avant sa mise en marche. J'effectue le parcours qui m'a été commandé et je rapporte la rame à un garage ou la laisse à un collègue assurant le service suivant.
Mes horaires peuvent être assez extrêmes car nous mettons en ligne les premiers trains tôt le matin et nous les garons tard le soir. Les matinées commencent aux alentours de 3h et les soirées finissent vers 1h du matin. Parfois, je ne rentre pas chez moi et je dors dans des chambres prévues par le service. Comme les trains roulent toute l'année, je travaille les jours fériés et sur un certain nombre de week-ends par an.
Pour faire mon métier, il faut être autonome, responsable et dévoué.
Transporter les franciliens et les touristes rapidement et en sécurité
Les gens prennent le train avec une grande confiance en nous car SNCF véhicule une image de sécurité. Le fait de faire partie des acteurs de la sécurité ferroviaire est une responsabilité qui me pousse et me satisfait pleinement.
Je me dis que les milliers de gens que je transporte auraient dû chacun prendre leur voiture pour aller d'un point A à un point B. Cela me réjouit car la préservation de l'environnement m'est importante. Quand je transporte de nombreux voyageurs et que je passe à côté de l'autoroute ou du périphérique parisien saturé, je me dis que les routes pourraient être encore plus engorgées qu'elles ne le sont déjà !
L'entreprise fait confiance à mon expertise quand il s'agit de signaler des anomalies sur les infrastructures ou le matériel : nous sommes les yeux du réseau et ce, même dans le TGV pendant les vacances !
Je suis très heureux d'être tour à tour devenu moniteur, formateur puis bientôt encadrant afin d'accompagner les nouveaux arrivants dans l'entreprise et mes collègues !
Etre très impliqué et curieux, de la formation à la retraite !
La formation est longue et dense. Elle ne fait pas appel à des notions que l'on peut avoir par le parcours scolaire, c'est une formation professionnelle très spécifique. Il faut être appliqué, logique, responsable et surtout curieux pour comprendre les principes de fonctionnement et se poser les bonnes questions.
Il est très difficile d'apprendre tout le règlement par cœur. Il faut analyser les situations, en déduire les risques et prendre les mesures nécessaires afin d'agir en toute sécurité. Il y a cependant un important travail personnel à fournir durant l'année de formation. Il est primordial de travailler en groupe et régulièrement pour acquérir le bon vocabulaire, les automatismes et les logiques de fonctionnement propres à la conduite des trains.
Un bon candidat au métier de conducteur de train doit avoir une très bonne hygiène de vie, de bonnes capacités de hiérarchisation des actions et le sens des responsabilités.
J'ai sorti un train en panne d'un tunnel !
Dès mes premiers jours de conduite seul, mon train a eu une anomalie impliquant un arrêt immédiat. C'était l'heure de pointe de l'après-midi, les voyageurs à bord étaient très nombreux, et j'ai été forcé de m'arrêter dans un tunnel dans les souterrains de Paris.
Autonome depuis peu, j'ai alors dû mettre mes compétences à l’œuvre pour analyser la panne et trouver la solution afin de permettre aux voyageurs de regagner une gare. J'ai finalement pu traiter l'incident et j'ai amené le train et ses passagers vers une des stations de la ligne. Même s'il a fallu demander aux voyageurs de sortir, car en raison de l'avarie le train ne pouvait plus transporter de passagers, j'étais satisfait. Mes compétences ont été mises à l'épreuve et j'ai pu emmener les gens en sécurité jusqu'à la sortie !