Corentin L.
Conducteur de Ligne
Bonjour Noémie,
Je me permets d'ajouter ma contribution à votre enquête:
-Question 1:
Aucune difficulté particulière si ce n'est le stress des tests d'entrée et l'appréhension de ne pas les réussir. Mais tout a bien été.
Question 2: comme l'a dit Christophe, chacun le vit différemment. Pour ma part tout me convient, les horaires décalés autant que le planning pas toujours connu à l'avance ou alors sur une petite période, mais cela tient au fait que je suis agent de Réserve (je suis à disposition pour faire des remplacements prévus ou non).
Question 3: Je travaille sur des petites lignes régionales où la faible densité de trafic a imposé le 2x8. Mais en ma qualité de réserviste, si j'effectue le plus souvent des remplacements sur des roulements il m'arrive également de travailler des nuits lorsque des travaux d'entretien des voies requièrent la présence d'un aiguilleur.
Question 4: Non c'est mon premier emploi.
Question 5: Comme je le disais, j'effectue principalement des remplacements. Ceux-ci peuvent être de plus ou moins longue durée, et peuvent être prévus à l'avance (congés d'un autre agent) ou inopinés (maladie par exemple). Ainsi je n'ai pas vraiment de semaine-type et il est rare que mon planning me soit communiqué sur une longue période.
Question 6: La réponse est complexe.
Durant la période probatoire on peut être affecté n'importe où en théorie. Dans la pratique, la région ferroviaire avec laquelle on a signé son contrat de travail paye pour la formation. Elle va donc tout faire pour garder son agent (et cela vaut donc également si l'agent souhaite plus tard changer de métier ou de région). Néanmoins l'établissement employeur peut décider de réaffecter l'agent n'importe où au sein de la région en question. Donc dans les premiers temps il faut savoir se montrer mobile.
Attention, je ne dis pas qu'il est impossible de changer de région ou de métier au sein de l'entreprise, je dis seulement que le processus est complexe et peut être très long.
Question 7: En début de carrière, se retrouver seul dans un poste est déroutant. Les responsasibilités qu'on a, les vies qu'on a entre les mains peuvent être un facteur de stress important au début (encore une fois chaque individu s'y adapte plus ou moins vite). Mais on a une excellente formation initiale, les certificats d'habilitation (renouvelés tous les 3 ans pour chaque poste) font l'objet d'une interrogation poussée, et tout cela permet d'aborder ses premiers incidents de manière relativement sereine. On s'appuie sur notre formation, et quand tout a été bien traité on prend confiance en nos capacités. Au fil du temps on prendra de l'expérience en plus. Et quand on fait des erreurs, ce qui est humain, on cherche activement à comprendre ce qui s'est passé afin de ne plus le refaire. Et comme le disait Christophe, une partie des tests psychotechniques vise à évaluer la gestion du stress des futurs agents. Une personne qui perd ses moyens ne sera pas retenue.
Question 8: Étant à la réserve, je suis habilité sur 5 postes très différents. 2 postes sont des postes à leviers avec une technologie de 1945 (et ça fonctionne parfaitement), 1 poste est doté d'un jeu de clés qui déverouillent en toute sécurité les leviers et commutateurs d'aiguillages et de signaux dont une partie sont à pied d'oeuvre (à l'extérieur du poste; il faut marcher), 1 poste est doté de petites manettes sur un tableau qui représente les voies (technologie des années 60/70/80) et le dernier poste est un poste informatisé où toute action se commande par un code tapé au clavier. Je travaille donc avec un grand panel de technologies et c'est très enrichissant.
Question 9: 3 postes se situent en gare même, 2 de mes postes sont situés de part et d'autre d'une gare et y contrôlent l'accès de chaque côté. On ne peut pas considérer qu'ils soient en ligne, mais ils sont bien séparés de la gare en elle-même.
Question 10: Oui, les postes à leviers nécessitent une certaine force physique pour manoeuvrer les aiguillages. De plus en plus la SNCF investit dans des dispositifs d'aide hydrauliques qui facilitent grandement la manoeuvre. Mais pour les postes qui n'en sont pas équipés, j'ai déjà vu un jeune agent en formation qui n'avait pas le coup de main rester suspendu de tout son poids sur un levier qu'il a jamais réussi à renverser complètement. Et ce n'était pas le levier le plus dur du poste. Donc oui il faut une certaine force ou bien maîtriser la technique.
De plus, sur ces petits postes de campagnes nous assurons nous-même le graissage des aiguillages dans les périodes creuses. Cela nécessite également une certaine force pour porter la pompe à graisse dorsale et tous les équipements qui vont avec.
Question 11: Déjà le métier en lui-même a très peu de visibilité. Cela peut paraître drôle mais beaucoup de gens pensent que le conducteur de train guide son convoi comme une voiture, et choisit lui-même la direction.
Sinon sur les aspects du métier en lui-même, savoir que l'aiguillage pur et le traitement des incidents et dérangement ne sont pas nos seules missions. Selon les postes, on peut aussi être amenés à faire le graissage comme je viens de mentionner, mais aussi des manoeuvres de trains, de la vente au guichet, etc... plus souvent dans des petites gares bien sûr, néanmoins chaque poste a ses particularités locales :)
Cordialement,
Corentin
Friday, May 15, 2020